Pour une conception française de l'identité allemande (2/2)
Par-delà l'anti-germanisme des uns et des autres
Contre les conceptions anglo-française négatives de l’identité allemande
Il n’y a pas que les Allemands qui ont une conception négative de l’Allemagne, il y a aussi, entre autres, une part significative des Anglais et des Français.
Chez les Anglais, l'anti-germanisme repose sur l'impression que les Allemands sont trop organisés et pas assez libéraux. Les Anglais refusent absolument que le Continent soit dominé par le mercantilisme industriel allemand. Certains Allemands partagent cette conception.
Chez les Français, l'anti-germanisme est plus viscéral. Il se concentre chez les nationalistes. Selon eux, l'Allemagne vise et visera toujours la destruction de la France. Un aspect de ce projet de destruction se manifesterait actuellement dans le domaine de la politique énergétique : l'Allemagne aurait conspiré pour affaiblir l'infrastructure énergétique française.
Il n'est cependant pas nécessaire d'être anti-allemand pour reconnaître dans l'anti-nucléarisme germanique une facette additionnelle de la conception négative de l'identité allemande. Un point à examiner séparément.
Impuissance identitaire allemande ?
Les Allemands semblent collectivement incapables de proposer une conception positive de leur identité nationale. Aucune tentative de normalisation n'a réussi jusqu'ici. Au mieux, le pragmatisme mercantiliste fournissait un substitut d'identité positive. Cet ethos pro-affaires reposait cependant sur une base géopolitique instable. La guerre en Ukraine contraint aujourd'hui le pragmatisme mercantiliste allemand à la discrétion, voire à l'exil.
En revanche, la conception négative de l'identité allemande demeure intacte dans le chamboulement actuel. Rien ne semble pouvoir la troubler. Au contraire : tout est fait pour à terme rendre impossible la discussion critique de son contenu. La notion même de Volk (peuple) pourrait devenir de plus en plus encadrée juridiquement, afin de neutraliser plus facilement les courants populistes qui en feraient un mauvais usage.
Ces considérations ne jouent heureusement aucun rôle en France, pays de raison et de mesure.
Pour une conception française positive de l’identité allemande
La conception à laquelle je parviens en tant que Français germanophile est alors la suivante :
- Un Allemand est un Européen de nationalité allemande.
- Les Allemands sont un peuple européen de nationalité allemande.
- L’Allemagne est le pays qui appartient aux Allemands.
Je mets quiconque, mais surtout les Allemands, au défi de réfuter cette conception de l’identité allemande.
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1.0, publiée le 15 août 2023
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